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Photo du rédacteurJohan Schies

Pourquoi j'écris ?

Pourquoi j’écris ? Mais pourquoi j’écris ! En voilà une intéressante introspection. Bouclez votre ceinture, je ne connais pas moi-même le chemin que nous allons emprunter ensemble mais le voyage sera mouvementé.


J’écris d’abord parce que j’ai envie, voilà, oui c’est un caprice. Puis parce que j’en ai besoin, parce que j’ai besoin d’avoir envie pour écrire. Que j’écris sous le coup de mes pensées, de mes sentiments, que j’écris plus vite que je ne pense parfois, que je ne tourne pas mes doigts sept fois dans mes mains avant de marteler les touches de mon clavier. Que je laisse le flot des mots fracasser le barrage de ma volonté et emporter le bateau de mon récit sur les vagues de mon imagination. J’écris pour libérer mes maux par les mots, pour sortir mes émotions, psychanalyse personnelle privée et, finalement, publique. Parce que j’ai un besoin de reconnaissance et que j’adorerai voir mon sourire figé sur les quatrièmes de couverture des étals de librairie. J’écris parce qu’il faut que ça sorte tout simplement. Parce qu’on ne se demande pas pourquoi une vieille locomotive expulse de la vapeur, qu’un exutoire sur papier vaut aussi bien qu’un autre et que quitte à échanger avec des amis imaginaires autant garder une trace de la correspondance.


J’écris ensuite parce que j’aime lire, être transporté dans des univers si différents que je vis mille et une vies en quelques semaines. Que j’ai des histoires d’amour hétéroclites avec le théâtre, la science-fiction, la fantaisie et que bien d’autres maîtresses encore attendent que je les effeuille. Parce que j’ai été emporté par les récits de David Gemmell, les paradoxes de Diderot et les troubles de Schnitzler. J’écris parce que j’adore les belles bibliothèques et que je n’ai pas de plus beau passe-temps que de baguenauder dans les allées des centres culturels en quête de ma prochaine évasion. Parce qu’une table de chevet sans ouvrage est désespérément triste. Qu’un été sans roman est gâché. Que la vie est trop courte pour n’en vivre qu’une seule.


J’écris enfin parce que je suis un auteur qui veut aller plus vite que la musique

avec des personnages qui vont plus vite que la lumière. Je veux découvrir ce que ressent un dragon qui crache son feu, ce que craint un explorateur qui franchit un trou de ver et quels secrets se cachent derrière l’homme au masque de fer. Parce que j’ai vécu mille vies et que j’en ai encore des milliers à vivre. J’écris parce que je n’ai pas encore atteint les limites de mon imagination et que je prends un malin plaisir à ce que chaque mot les repousse – encore un peu plus loin – là où nul ne s’est jamais aventuré. Parce que je veux inverser la gravité, créer des langages et donner corps à toutes ces voix dans ma tête. Que je peux être à la fois un gentil et un méchant, un diable créateur et un dieu annihilateur. Parce que ni vous, ni moi, ne savons ce qui se trame vraiment dans ma tête. C’est tout à la fois terrifiant et terriblement excitant.


Et je conclurai en citant Gene Roddenberry, papa de Star Trek, qui dans le générique de sa série nous apostrophe par cette citation qui sied si bien à un(e) auteur(e) :


« Sa mission : explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d'autres civilisations, et au mépris du danger avancer vers l'inconnu... »

Johan Schies

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